L’écrivain & la cinéaste

Illustration de la nouvelle « L’écrivain & la cinéaste »
Éditions :ePub - 3e édition
ISBN : 9782491888107
Pages : 34
Kindle - 3e édition
ISBN : B08QH1F353
Pages : 34

Dans un bar de quartier parisien, un homme est en train de noircir des feuilles de textes. Soudain, une jeune femme l’aborde et lui demande s’il est écrivain. La conversation s’engage…

Parution :
Maison d’édition : L’oaristys
Genres :
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Extrait :

Certains dimanches après-midi, je vais passer du temps dans un café du quartier, près de mon domicile. J’y observe les gens et j’écris. J’écris sur diverses choses, surtout sur les relations humaines. Je tire mon inspiration de bribes de vie des individus que j’entends parler, de leurs gestes et de leurs manies. Je puise également des éléments dramaturgiques dans celles de mes amis ou des expériences que j’ai vécues. Depuis quelques années, écrire m’est devenu indispensable. Un jour, sans prévenir, l’écriture s’est imposée à moi comme une échappatoire face à la stérilité que j’accordais à notre société contemporaine, anxiogène et délétère, qui, de temps à autre, ne me donnait qu’une envie ineffable de fuir à l’autre bout du monde et de m’y terrer quelque part, loin de tout, à l’abri de contraintes et de contradictions, entouré de personnes simples qui se contentent d’une vie humble et modeste.

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Lorsque je suis entré dans le bistrot, j’ai remarqué une petite nénette aux cheveux blonds dorés, attablée dans un coin. Plusieurs types semblaient la reluquer. Devant elle se trouvait une table libre, celle que je me suis empressé d’aller occuper.
En passant près de la nana, je l’ai considérée un instant, zieutant son décolleté généreux. Elle était absorbée par son téléphone portable, en train de texter je ne sais quoi avec je ne sais qui. Sur la table orbiculaire reposait un grand sac à main jaune criard, entrouvert, dans lequel je pouvais distinguer tout le foutoir. À côté du sac trônaient un verre de vin blanc ainsi que plusieurs notes du bar qui attendaient d’être réglées, et qui s’entassaient sous un cendrier métallique. La jolie nénette semblait avoir passé de nombreuses commandes. Elle m’a jeté un regard furtif au moment où j’ai mis ma veste sur le dossier de la chaise devant elle, l’air ailleurs et indifférente à ma présence, avant de replonger la tête vers son smartphone et d’agiter de nouveau ses pouces sur l’écran tactile.
Je me suis assis dos à elle. J’ai sorti de mon sac un bloc-notes au format A4 et un stylo-bille. De ma position, je pouvais contempler les gens qui marchaient dans la rue.
Inspiré, j’ai aligné quelques mots. Les phrases se formaient peu à peu, les paragraphes se succédaient, les pages se noircissaient. J’étais dans une belle lancée. Je devais bien reconnaître que ce n’était pas toujours ainsi.

Dans l’un de ces moments de réflexion intrinsèques à tout écrivain, j’ai été surpris et dérangé par un « hé ! » provenant de derrière moi. J’ai recouvré mes esprits, éloigné mes pensées pour un temps, et j’ai tourné la tête.
« Qu’est-ce que tu écris ? Tu es écrivain ? » m’a questionné la jolie blonde que j’avais repérée à mon arrivée. Cette fois-ci, elle me fixait intensément, les yeux plongés dans les miens, bien décidée à engager la conversation.
Je lui ai répondu par un oui, faiblard, troublé par son aura qui m’intimidait. Ses yeux verts émeraude venaient de m’ensorceler.
« Quoi, oui ? Tu es écrivain, c’est ça ? » m’a-t-elle de nouveau demandé sur un ton véhément.
Pour mieux lui faire face, j’ai pivoté davantage, accoudé au dossier de la chaise sur laquelle j’étais assis.
« Oui… Je travaille sur un roman. »
Aussitôt la phrase prononcée, j’ai vu les pupilles de la nana se mettre à scintiller. Elle s’est levée d’un bond, a saisi son verre et son sac à main. Dans le mouvement, le sac a heurté le cendrier et les trois notes à régler sont tombées sous la table. Il m’a semblé que s’en acquitter était la dernière de ses préoccupations.

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